Ma chérie,
Je commence ce blog qui a changé. Tu ne vois pas de différence aujourd’hui ? Il y en a une de taille pourtant puisque désormais cet espace nous est réservé, à toi et à moi. Plus aucun autre lecteur que tes yeux, voilà la décision que j’ai prise la semaine dernière et si j’ai reçu moult messages me demandant l’accès à ton carnet de bord, je compte le laisser vierge de tout lectorat. Même ton papa Fred n’y a plus accès car j’estime nécessaire de te parler en direct, sans l’inclure. Il trouvera son propre moyen pour te raconter sa vision des choses. Ceci te semble peut-être égoïste, mais je t’expliquerai plus tard mon choix. Le temps m’est compté, tu commences à pleurer, réclamant ton biberon.
Parlons un peu de tes habitudes, ma douce, en commençant par celle de la faim qui te gagne désormais toutes les 3 heures ou plus selon les moments. Tu gémis toujours un peu, t’agites avant de lancer, au bout de 10 minutes le cri qui signifie «Je suis bien réveillée, viens me chercher et me sustenter. MAIN-TE-NANT !!!!». Oui, je te laisse pleurer un peu pour te leurrer. Tu te rendors en effet régulièrement, allongeant ainsi tes siestes et dodos au profit de moments d’éveil plus grands. Deux siestes de ta journée composée principalement de songes sont ainsi consacrées à l’exploration de ton monde. Ce phénomène s’avère très récent puisqu’il y a encore à peine quelques jours, je passais mon quotidien seul, à côté d’un bébé perpétuellement endormi ou presque. Enfin, tu nous réclames, tu nous exiges, tu nous appelles, tu veux que l’on t’amuse, que l’on te cajole, que l’on ne te laisse pas toute seule. C’est trognon, nettement plus fatigant aussi, mais tellement enrichissant.
Tu fêtes aujourd’hui ton premier mois de vie et plusieurs personnes t’ont souhaité un très bon anniversaire. Ton Papy Pierrot et ta Mamie Chantal qui ont téléphoné à l’heure de ta naissance (14h05), ta mamie Odile que j’ai appelée juste après, ta cousine Enora qui était chez ta mamie nantaise, mais aussi ta marraine. J’ai tant de choses à te dire et ne sais pas trop par où commencer. C’est un sentiment qui n’est pas fréquent chez moi, mais ces jours ont été si riches. Je vais regarder où je m’étais arrêté. Oh la, je dois reprendre mon histoire au 21 octobre dernier ! Moi qui voulais aborder notre vie actuelle, il faut que je rattrape un sacré retard ! Courage, papa Julien, courage !
Les jours à la maternité ont été un mélange de grand bonheur et de chagrin enfermé au fond de mon cœur. La joie venait bien sûr de toi que nous dévorions si fort des yeux, de toutes ces petites choses que tu accomplissais, de tes moindres mouvements… Je réalisais petit à petit que tu étais là, alors que je te tenais dans mes bras. Au bout de 21 ans, on a du mal à ce qu’un rêve soit vu comme la réalité, je crois. Tu étais belle le 20 octobre, tu l’étais encore plus le 21. Tes traits se sont affinés, tes yeux se sont ouverts pleinement, tes gestes sont devenus plus assurés… Nous avons eu davantage l’occasion de te faire nôtre, de fermer un peu les portes pour être avec toi totalement comme une famille.
L’ouverture sur le monde venait de ton papy Pierrot et de ta mamie Chantal qui arrivaient le sourire aux lèvres dans notre chambre, mais aussi de toutes les infirmières que nous avons vues durant notre séjour. Craintives au début, celles-ci sont devenues convaincues de notre capacité à te rendre heureuse. Elles nous l’ont exprimé textuellement, l’une d’elle, Lisa disant même : « Certaines naissances nous brisent le cœur, mais vous voir avec Mathilde nous donne chaud au cœur ». Nous avons bu leurs paroles et conseils, suivi à la lettre leurs indications et tout a démarré dans du coton entre toi et nous. Il faut dire que tu as tout de suite été une petite fille facile, très facile par rapport aux autres bébés (que des garçons) qui t’entouraient. Il suffisait d’entendre leurs cris pour s’en rendre compte. Même les examens te montraient mignonne quand tes petits camarades criaient à l’aide…
Ces infirmières ont été un véritable don du ciel. J’avais beau avoir tout lu, tout écouté, tout entendu et tout retenu, constater par leur attitude que mes gestes étaient les bons m’a fait grand bien. J’ai également reçu les félicitations d’un jury très difficile, à savoir ta mamie Chantal qui a toujours été plutôt avare de compliments à mon égard. Mais depuis ta naissance, elle me félicite, me dit que je m’en sors bien, me montre qu’elle me soutient dans mes choix te concernant. Ta mamie Odile, elle, a été plus surprise par ma façon de faire et a mis quelques semaines à faire le deuil de sa façon d’envisager les choses au profit de ma vision. Elle me congratule désormais avec tout l’enthousiasme d’une mamie fière de sa merveille (toi) et cela me fait grand bien.
Ton papa Fred, lui, a suivi une formation tendre pour s’occuper de toi. N’oublie pas que jamais, ô grand jamais, ton papa n’avait approché un bébé avant toi. Oui, il en avait pris certains dans les bras le temps d’une photo, mais l’exploit s’arrêtait là. Je me demandais franchement ce qui allait se passer et ton papa Fred s’est révélé très surprenant. Je me disais qu’il essaierait puis que j’aurais besoin de le pousser pour qu’il pratique tous les soins que requiert un bébé, mais il a été très attentionné, très attentif à tous les conseils, à toutes les méthodes, faisant de lui un véritable expert ès Mathilde. Le premier bain t’a été donné par ton papa Fred, par exemple. Il a vérifié de nombreuses fois auprès de l’infirmière s’il s’y prenait de manière adaptée. J’avoue avoir été plus instinctif. Depuis ta naissance, je t’observe et vois ce qui te plaît et ce qui ne semble pas te convenir. Donc je teste, je tâtonne afin de trouver LA solution qui te sied comme un gant. Je me plie à tes besoins, à tes plaisirs et déplaisirs et nous avons trouvé notre équilibre au fil des jours.
Allais-je être un papa stressé, angoissé ? Je le suis dès qu’il s’agit de moi, mais étrangement, je suis particulièrement serein vis-à-vis de toi. Je me dis que tu sauras me faire comprendre un trouble, je te fais confiance. Tes premières semaines de vie ont été ainsi moins « sucrées » que celles d’autres bébés dans le sens où je ne t’ai pas confinée dans une bulle antiseptique. Aller voir ta maman Re voulait dire te faire sortir dans le froid américain et tout le monde me répétait que tu étais trop petite. Que nenni, bien couverte, au chaud dans ton berceau, nous roulions et tu semblais ravie ! Mon éventuel stress se répercute toujours par une attitude anxieuse de ta part alors je refuse de ressentir de la crainte. Tu es forte, tu es courageuse, tu es expressive et tu as toujours été capable de me dire « Stop ! », soulignant les limites que tu refusais d’atteindre.
Ton papa Fred a, au contraire, été qualifié de père le plus stressé de nous deux par une employée de l’hôtel où tu as vécu. Il veut ton confort perpétuel quitte à trop te couvrir, à en faire trop pour que tu sois bien. Cette attitude a tendance à évoluer, il se rend compte que tu n’es pas en sucre et qu’être trop protecteur te prépare moins bien à l’étape suivante. Prenons un exemple pour illustrer cette différence : j’ai toujours été pour que tu passes de bras en bras afin d’entendre des voix, de cerner des différences, de créer des liens, d’avoir une attitude positive vis-à-vis de l’inconnu. Papa Fred, lui, craignait un peu de te laisser prendre par des inconnus ou nos proches de peur que tu attrapes des petites maladies ou deviennes stressée. Aujourd’hui, il se rend compte que tu es parfaitement sociable, tu scrutes qui te porte, mais fais rapidement des sourires à cette personne. Seul un très gros chagrin te fait réclamer uniquement nos bras (les miens principalement ce qui est normal compte tenu du temps que nous passons en tête à tête) et vouloir quitter ceux de nos amis et de notre famille.
On dit que l’on naît maman, mais que l’on devient papa et je crois en cette phrase. Tu nous as fait devenir pères et nous sommes comblés car tout est simple avec toi. Tu ne chouines pas, tu n’as pas mal tout le temps, tu ne te plains pas, tu apprécies les bonnes choses tout en ayant un caractère affirmé. On ne peut pas te faire faire quelque chose qui te déplaît, c’est certain.
Du sport m’attend avec ton papa Fred pendant que tu te reposes,
A plus tard ma jolie !
Ton papa Julien qui t’aime
Rien que toi et moi
Ma chérie,Je commence ce blog qui a changé. Tu ne vois pas de différence aujourd’hui ? Il y en a une de taille pourtant puisque désormais cet espace nous est réservé, à toi et à moi. Plus aucun autre lecteur que tes yeux, voilà la décision que j’ai prise la semaine dernière et si j’ai…
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