Miam miam !

Ma chérie,Si tu regardes les dates qui séparent ces deux messages, tu dois te dire que je ne pense pas beaucoup à toi. Tu aurais tort car c’est justement parce que tu m’obnubiles que je n’ai guère eu le temps d’avancer sur ton histoire. Je t’ai accompagnée, j’ai essayé de prendre soin de toi du…



Ma chérie,
Si tu regardes les dates qui séparent ces deux messages, tu dois te dire que je ne pense pas beaucoup à toi. Tu aurais tort car c’est justement parce que tu m’obnubiles que je n’ai guère eu le temps d’avancer sur ton histoire. Je t’ai accompagnée, j’ai essayé de prendre soin de toi du mieux possible. Tu as soufflé ta première bougie il y a 3 jours et tant de choses ont changé depuis mes derniers écrits.
Toi, bien entendu, qui est devenu un beau bébé joufflu alors que tu es née crevette. Papa Fred et moi sommes aussi différents de cette année écoulée à tes côtés, à te voir pousser, évoluer, progresser… Que ces 12 mois ont été riches ! Je regrette de ne pas avoir eu le temps de te raconter tes exploits au quotidien mais j’avais, comme on dit, la « tête dans le guidon » et ne pouvais prendre plus de quelques minutes par jour pour conserver un minimum de vie sociale en passant de discrets coups de fil pendant tes rares et fragiles siestes ou en envoyant des e-mails à nos proches. Notre vie à deux – avant l’arrivée, le soir, de papa Fred – m’a un peu coupé du monde et j’ai connu beaucoup de reproches, les gens ne comprenant pas que je n’avais physiquement pas le temps de leur consacrer mes instants libres. J’ai fait avec, j’ai tenté d’expliquer tes micro siestes, ton besoin d’attention… Certains ont compris rapidement, d’autres ont eu besoin de partager nos journées pour s’en rendre compte pleinement.
Ton caractère glouton ne s’est pas calmé malgré les petits pots et c’est seulement depuis fin juillet que tu as cessé de réclamer ton miam-miam toutes les 3 heures. Ce changement a été progressif pour atteindre une certaine stabilité à la fin août et aujourd’hui tu patientes nettement plus facilement. Nous avons passé des vacances avec ton grand-cousin, Nicolas, ta grande-cousine, Tatiana et leur petit Roméo à Biscarrosse et ce n’est que là que ceux-ci ont pris conscience de la difficulté de ces horaires à respecter. Tu le verras sans doute si tu décides un jour de devenir maman, mais en 3 heures, tu n’as pas le temps de faire grand-chose. En effet, la moitié de cette plage horaire est dédiée au repas en lui-même, au change, au rot… Un peu de jeux, quelques activités et te voilà qui déjà exigeais ta ration de nourriture. Impossible pour moi d’aller faire des courses ou en balade sans devoir regarder ma montre pour être certain d’être devant notre placard à petits pots en temps et en heure. Je devais aussi, avoir toujours sur nous des petits pots au cas où !
Si tout est toujours bio ou presque (moins de 10 repas avec des légumes ou fruits issus de l’agriculture traditionnelle depuis ta naissance), je n’ai pas pu te préparer autant de purées ou de compotes maison que je l’aurais voulu. De la paresse (soyons francs !), des difficultés à jauger les quantités qui pouvaient te convenir, la tristesse de s’apercevoir qu’un kilo de carottes dûment épluchées, lavées, coupées, chauffées, mixées, ne donnait que 3 ou 4 rations pour toi… tout cela m’a un peu découragé ! Et puis les petits pots ont une telle diversité que je ne trouvais pas dans les rayons fruits et légumes. Je ne me flagelle pas sur ce sujet car tu t’es régalée de bonnes choses saines même si mes blanches mains ne les cuisinaient pas toujours. J’avais le mérite de les choisir et de les réchauffer avec amour !!
J’ai tant de choses à te dire que j’ai du mal à organiser mes pensées. Finissons le thème de la nourriture puis nous passerons à une autre thématique. Tu es donc gourmande et c’est aussi un bonheur ! Nos amis, nos cousins, notre entourage… il y a eu des dizaines de naissance autour de nous depuis 4 ans et toutes ces têtes blondes n’ont pas eu un aussi bon rapport avec les mets que toi. Certains ont mal vécu le passage du biberon à la cuillère (Ana, ta cousine, par exemple), d’autres ont connu des allergies alimentaires diverses et variées (Roméo, ton cousin). Quelques-uns ont réclamé des biberons nocturnes très longtemps alors que tu as rapidement fait tes nuits (merci !). Les morceaux de fruit, de viande, de poisson ou de légume en ont rebuté plus d’un (Arthur, le fils de nos copains, Alexandra et Olivier). Les régurgitations allaient bon train alors que tu faisais tes rots comme une reine et n’a jamais bavouillé ou presque… Tout le monde le dit et nous les premiers : c’est un bonheur de te nourrir. Tu as un gigantesque sourire sur les lèvres, tu prends un plaisir énorme, tu aimes tout (peut-être pas le brocoli. Et encore…), tu fais une vraie fête dès que tu réalises que nous avons un biberon dans les mains (tiens, je devrais filmer ce moment. Tes yeux s’agrandissent et tu ne regardes plus rien autour). J’aime beaucoup quand tu es dans ton trotteur et que tu débarques sans ménagement dans la cuisine. Tu renverses tout sur ton passage : la gamelle de Calie, la poubelle, les bouteilles de lait… Je sors le biberon du micro-ondes et tu te figes comme un chat prêt à bondir. Je sors de la cuisine, le délice à la main et te voilà qui me suis plus vite que ton ombre jusqu’au canapé où la dégustation peut commencer.
Tu dois à ta Mamie Odile d’aimer le pain. A l’heure où tes dents poussent et que tu commences à vouloir mâcher tes aliments (je fais le geste et tu me copies), tu raffoles de ces petits bouts qui te sont donnés avant ton déjeuner. Odile a donc commencé ce rituel cet été à Saint-Gilles et tu ne savais pas trop quoi faire de ce morceau. La crèche a terminé de te convaincre puisque chaque matin, tous les enfants ont droit à leur petite tranche. C’est un moment de calme intense, on pourrait entendre une mouche voler ! Vous êtes tous si concentrés sur votre morceau, guettant aussi celui du voisin au cas où il commettrait l’erreur fatale de le laisser tomber…
Dès que tu vois une baguette à proximité, tu réclames avec conviction. J’ai commis l’erreur, une fois, de poser des pains sur le siège arrière, à côté de toi, parce que nous allions chez ta marraine. J’ai vite compris que j’avais eu tort ! Tu avais été si gentille le matin que tu as pu savourer un petit morceau sur le trajet.
Papa Fred déteste une habitude que tu as. On te donne un bout de gâteau, de fruit… et tu l’enfournes immédiatement intégralement dans ta bouche avant de le faire fondre pendant de longues minutes puis de le mâcher paisiblement. Papa Fred est toujours certain que tu vas t’étouffer alors que je te fais confiance. C’est ta façon de faire et tu adores ça. On ne te quitte pas des yeux donc, selon moi, il n’y a aucun risque. Il suffit, en effet, de te mimer l’action de mâcher et te voilà qui te lances comme une grande. Je devrais sans doute photographier Papa Fred et Mamie Odile (qui a peur, elle aussi, de ta façon de faire)… ils deviennent rouges pivoine tellement ils sont stressés. Je leur rappelle que l’on doit croire en toi et que nous serons-là pour intervenir, si besoin. Ça n’a été le cas qu’une seule fois (tu as toussé pour nous montrer que ça ne passait pas) en plusieurs mois donc zéro inquiétude de mon côté ! Je suis très fier de toi.
J’aime cette étape de ta vie où tu goûtes tout et nous donnes instantanément ton avis. D’abord, tu admires ce que l’on te tend et tu nous lances le plus beau des regards. On y voit toute la reconnaissance, toute l’innocence d’un bébé qui n’est encore pas habitué à avoir des petits extras de nourriture entre les repas. Je sais que bientôt, tu perdras ce regard comme c’est déjà le cas depuis un bon moment vis-à-vis de choses que tu as vues et revues. Je vois dans tes yeux toute la pureté du bonheur, du plaisir, sans aucune réflexion, sans te soucier du regard de quiconque. C’est un regard qui m’est précieux et qui remplit mon cœur d’une douce chaleur à chaque fois.
Voici à peu près tout ce que l’on peut dire pour le moment sur ton plaisir de manger. Tout le personnel de la crèche prend encore le soin de me préciser que tu as très bien déjeuné ou goûté… je crois qu’ils vont bientôt cesser tant tu sembles t’y régaler autant qu’à la maison ! Tu tends même les bras à Malika, la personne qui prépare tes repas. Etrangement, elle connaît ton prénom et tu lui fais de grands sourires. Oui, tu aimes ceux qui t’offrent de bons petits plats. C’est une merveilleuse reconnaissance pour le mal que l’on se donne parfois et nous avons beaucoup de chance d’avoir une princesse si heureuse et pleine de saveurs.
Je vais te laisser pour le moment, mais je te promets de revenir vite.
Je t’aime, ma douce
Papa Julien


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