De bonnes bases

Ma petite chérie Encore une floppée de mois depuis mon dernier mot. J’ai tellement la tête dans le guidon que je ne prends pas le temps de t’écrire. Les choses continuent d’aller superbement bien à Nantes. Toi, Calie et moi avons soufflé lundi dernier notre première bougie dans notre nouvelle région et je n’ai aucun…


Ma petite chérie
Encore une floppée de mois depuis mon dernier mot. J’ai tellement la tête dans le guidon que je ne prends pas le temps de t’écrire.
Les choses continuent d’aller superbement bien à Nantes. Toi, Calie et moi avons soufflé lundi dernier notre première bougie dans notre nouvelle région et je n’ai aucun regret.
Calie non plus ! Le jardin est devenu son terrain de jeu et même si elle rentre régulièrement blessée, elle retourne volontiers dehors. Calie n’aime pas les autres chats et cherche à protéger son territoire. Mais voilà, elle est petite et les autres matous lui filent des torgnoles…
Quant à toi, tu es RAVIE d’être ici :
– ton année de moyenne section a été un succès : ta maîtresse et son assistante ont pris beaucoup de plaisir avec toi. Et tu as été de bon coeur, avec un grand sourire, à l’école tous les matins. Te voilà avec des amies et même un amoureux. Il s’appelle Titouan et tu l’aimes. Tu parles mariage avec lui. Il t’aimait en retour aussi, mais tu lui as trop couru après (pour l’embrasser sur la bouche). ça l’a lassé et il est passé à autre chose. Tu vis très bien ta première rupture.
– les petits voisins, Nolan, Margot et Corentin, sont de super copains. Ils nous quitteront en janvier et cela nous fait un peu peur tant tu es attachée à eux. Tu as même voulu faire des bisous à Nolan (6 ans), mais il a refusé. Tu choisis bien tes amoureux : Titouan et lui sont vraiment très mignons.
– nous avons cherché à comprendre pourquoi tu ne voulais pas aller chez Mamie Odile et Papy Jean-Fa et avons trouvé la cause : Anaïs et Chloé aiment tellement peu y aller qu’elles t’ont sans doute transmis ce sentiment. Du coup, nous en avons parlé avec tonton Manu et tata Hélène. Parce que ta mamie était très peinée : « Qu’Anaïs ne m’aime pas, c’est une chose, mais qu’elle entraîne Mathilde là-dedans, non ! Mathilde m’a toujours aimée, a toujours été douce, gentille… ça me fait de la peine. » J’ai, du coup, conseillé à Odile de te prendre seule, sans tes cousines. Et ça a marché. Depuis, Mamie Didi est revenue dans ton coeur. Et tu joues de plus en plus avec Papy Jean-Fa.
– tu sais que nous allons avoir une nouvelle maison (nous avons déposé le permis de construire avant-hier) et ça te va. Du moment que tu ne changes pas d’école, ce qui ne devrait pas poser de problème.

Maman va bien. Elle prépare activement son mariage en octobre. Evidemment, nous y serons et tu porteras même une jolie robe achetée par Maman. Elle veut que tu lances les pétales de fleurs vers l’autel. Quel grand moment en perspective ! La semaine passée ensemble à la mer en juin dernier t’a encouragé vers l’anglais. Depuis, tu fais de beaux efforts. Ta grammaire est bonne, le vocabulaire est là, mais l’accent français aussi ! ça ne me dérange pas. Je suis si fier de te voir parler avec ton frère, ta soeur, ta maman, ton oncle Kevin…

Peu à peu, je réalise que tu deviens une personne. Une petite personne, mais qui a de moins en moins besoin de moi. J’ai toujours beaucoup été sur ton dos pour te donner une bonne éducation. Et là, je vois que ces bases servent. Je n’ai plus besoin de vérifier si tu te comportes bien car tu rutiles. Mes parents, mes beaux-parents, nos amis, les gens de l’école… on nous félicite pour tes bonnes manières et ta façon d’être. Je ne me lance pas de fleurs, mais suis fier de qui tu es et de ce que tu deviens. Notamment pour ta nature d’âme : tu tiens aux gens, tu apprécies chaque cadeau, chaque attention… Et en a aussi pour les autres. Papy Jean-Fa a fêté son anniversaire et tu lui as fait, de toi-même, un beau dessin en écrivant : « Je t’aime, Papy » Il a été très content de ça.
Je vois tellement d’enfants qui se foutent du monde qui les entoure, qui sont concentrés sur leur nombril, non-reconnaissants…. Tu es différente de tous ceux-là et j’en suis ravi. Ce coeur gros, cette empathie s’ajoutent à tes autres qualités. Te voilà avec une bonne base pour grandir et je suis confiant.

Papa Fred travaille beaucoup et je commence à trouver un meilleur rythme pour mes piges. Je vais toujours te chercher juste après l’école et nous passons nos mercredis ensemble. Mais le temps commence à me manquer. Je me dis que le CP sera un cap pour nous. Il faudra que je travaille davantage (pour payer la maison, pour préparer ma retraite…) et je devrai sans doute passer un peu moins de temps avec toi. Ce qui t’ira, je pense, car tu me fais déjà comprendre que je ne te suis plus indispensable.
Je me demande souvent ce que tu retiendras de ton enfance : ma dureté à ton égard (pour que tu sois polie et/ou obéissante) ou nos moments de rire. J’aimerais pouvoir fixer dans ton coeur tout le bien que l’on se fait au lieu de ces moments où je ne suis qu’un simple papa qui éduque sa fille.
Par exemple, nous avons passé quelques jours chez Nathalie et Nicolas et dormions ensemble. Tous les soirs, au lieu de te lire une histoire, tu me posais des questions sur toi, ta venue au monde, combien tu étais désirée… Nous étions tous les deux couchés sur nos oreillers et on se disait des mots d’amour. Quel bonheur ! Chaque moment aura été un bonheur, de toute façon.
Mon regard est maintenant tourné vers notre mariage. Car, comme tu l’as dit hier à Papy Pierrot et Mamie Chantal (qui ont bien ri) : « Mes papas vont pouvoir se marier. C’est François Hollande qui l’a dit ». Je cherche une jolie façon de demander la main de ton papa. Nous avons fêté les 10 ans de notre couple en avril dernier, Papa Fred va avoir 40 ans dans quelques jours… Les heureux événements s’enchaînent. Mais ce mariage (après ta naissance) sera l’apothéose. Je le souhaite, en tout cas. J’ai tellement envie d’épouser l’homme que j’aime. Avec ta maman à mes côtés.

Que dire d’autre ? Que tu es une vraie petite fille. Les gens et nous, tes papas, nous en étonnons à chaque fois. Les robes, les parfums, les Barbie, le rose, les princesses… Cette attitude de fillette va même dans tes gestes puisque tu croises les jambes quand tu es assise quelque part. C’est vraiment mignon. Est-ce que cela durera ? Seras-tu une ado coquette ? Heureuse ? Oh, j’ai peur de cette période-là. Je n’ai pas hâte. J’ai presque envie que tu passes de l’enfance à ta vie d’adulte. J’ai été un ado si terrible parfois…

Nous sommes à Saint-Gilles et j’entends ta mamie s’affairer en cuisine. Je vais aller l’aider.
Je t’embrasse, ma Mathilde.
Et, évidement, je t’aime !


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