Chère Bébé Princesse,
C’est avec un colossal retard que je reprends ma plume pour te conter tes dernières aventures. Tes toutes dernières «virtuelles» puisque nous sommes à seulement quelques heures de ta venue au monde…
Oui, nous sommes aux Etats-Unis, prêts à te prendre dans nos bras, mais une petite rétrospective s’impose avant de partager avec toi mes sentiments de non-papa (enfin, je suis d’ores et déjà papa, mais pas encore officiellement parlant…).
Lundi dernier sonnait donc le départ vers toi. Ce 13 octobre restera gravé dans ma mémoire tant les gentils mots sont venus de toutes parts. De ta grand-mamie Raymonde, de ma tata Dany, de ta tata Nathalie, de tata Riana… Ta mamie Odile a eu un gros moment de doute, de tristesse, de chagrin, à l’idée de me voir décoller avec tes grands-parents parisiens. Elle avait peur de rater quelque chose en ne venant pas, de trop s’imposer en prenant un billet d’avion… Beaucoup de sentiments mêlés pour des larmes douloureuses. Il m’a été difficile de vivre cette situation car jamais je n’aurais pensé causer de la peine sans le vouloir à ta mamie. Elle n’avait pas envisagé de nous accompagner jusqu’à très récemment et nous n’avons donc pas pu anticiper son voyage avec le nôtre. Aujourd’hui, ta mamie Odile est sereine et sait que ta naissance ne sera pas le seul moment fort de ta vie. Elle t’attend donc assidûment et réclame nos écrits pour suivre nos péripéties.
Mes parents ont été tristes pour elle, ne voulant pas profiter égoïstement de ta venue et, bien au contraire, la partager avec elle. Il nous a fallu quelques heures de vol et les mots réconfortants de ton papa Fred pour réaliser que ta mamie Odile avait retrouvé le sourire qui la caractérise et nous dire que nous avions comme mission de lui ramener une superbe petite-fille.
Les douanes ont scruté ton landau comme nous l’avions prévu, y cherchant un joli poupon remplacé par un sac à langer plein à craquer. C’est au beau milieu de la nuit que nous avons découvert l’appartement/hôtel où tu vas bientôt vivre tes premiers moments. J’espère que tu ne vas en garder aucun souvenir afin de ne pas influencer tes goûts en matière de décoration. En effet, si tout est vaste et pratique, je trouve tout d’une laideur… Ta tata Bérengère aurait vomi sur le seuil de la porte, j’en suis sûr !
Le lendemain annonçait mes retrouvailles avant ta maman Re et la première rencontre entre celle-ci et mes parents. Tout s’est très bien déroulé. Ta maman a toujours ce magnifique sourire et n’avait pas le gigantesque bidon auquel je m’attendais, ayant pris seulement 13 kg durant toute «votre» grossesse ce qui est excellent comparé aux 25 kg connus pour Allison puis Michael. Comme j’ai aimé la serrer dans mes bras et te faire sentir mes abdos en béton… Nous avons tant échangé par e-mail, par téléphone, mais ces conversations n’avaient pas fait oublier le manque physique qui résonnait dans mon cœur. Evidemment, j’ai mis en pratique mon activité préférée : faire rire ta maman ! Les yeux mouillés de mes parents m’ont fait plaisir car ils prenaient conscience de l’arrivée prochaine de la 8ème merveille du monde.
Déjà le temps filait et nous devions partir à l’hôpital pour un rendez-vous important qui allait résumer la césarienne qui attend ta maman Re, mais aussi le séjour te concernant. Regina et moi voulions éclater de rire face à la façon de parler de l’infirmière. Nous venions de dévorer un bon repas et nos yeux se fermaient tant cette femme était d’une lenteur… Rien de bien spécial à te raconter sur cet épisode hormis le moment où la nurse a demandé ton prénom, me le faisant répéter au passage et déclarant ensuite combien il était beau. Là-dessus, ta maman Re a rajouté «Ce n’est pas le plus beau prénom du monde ?». J’ignorais qu’elle l’aimait autant et cela m’a réellement touché car nous nous sommes donnés beaucoup de mal…
Quelques heures plus tard, il était temps de revoir Allison, Michael et un Shaun particulièrement stressé à l’idée de rencontrer ta mamie Chantal et ton papy Pierrot de peur de ne pas pouvoir les comprendre. C’est au bowling que tout s’est détendu et que nous avons connu nos premiers fous rires ensemble. Je tiens à souligner ma merveilleuse performance : j’ai terminé deuxième derrière ton tonton Shaun ! Je deviens Américain, que veux-tu… Pour preuve, j’écris ces lignes en t-shirt alors que papa Fred, mamie Chantal et papy Pierrot sont emmitouflés dans de gros pulls. PFF !
Une bonne pizza m’a permis de voir combien Michael a grandi en l’espace de quelques mois. Il s’exprime presque parfaitement désormais alors que j’avais besoin, l’an passé, de l’aide de Shaun et Regina pour saisir tous ses dires. Allison, elle, est toute jolie avec sa frange plus longue. Elle m’a parlé de toi et m’a dit qu’elle allait avoir une petite sœur en France. Je lui ai dit que oui, si elle le souhaitait, elle aurait cette petite sœur et qu’elle pourrait échanger avec elle puisque je vais essayer de t’inculquer mes maigres restes d’anglais… Je ne sais pas si vous avez créé ou non une relation particulière. Je l’espère en tout cas car avoir une famille outre-Atlantique est, selon moi, une chance.
Le mercredi a été dédié aux achats de puériculture afin de t’accueillir dans les meilleures conditions. J’ai parcouru des dizaines de boutiques depuis des mois, mis dans mon caddie des milliers de choses pour toi, mais j’ai eu un gros coup de cœur pour tes petits biberons que je trouve adorables. Dire que tu ne vas boire que ces petites quantités une fois l’allaitement à l’hôpital terminé. J’avoue craindre cette étape, ayant peur que tu n’aimes le sein de ta maman que trop et que tu deviennes difficile vis-à-vis des biberons. Je sais, tout de même, que le lait de ta maman Re va te faire le plus grand bien juste après ta naissance et que ceci représentera un moment privilégié entre vous deux. Je compte bien immortaliser ces instants pour te les montrer plus tard.
Quelques glaces nous ont permis de profiter de toi, de Michael, d’Allison et de ta maman Re. C’était bon de retrouver toute cette fluidité qui a toujours existé entre eux et nous, de reprendre nos conversations là où nous les avions laissées.
C’est très tôt que la journée de jeudi a commencé pour aller chez le médecin qui t’a surveillée durant toute la grossesse. Sa salle d’attente a donné lieu à un débat entre ta maman et ta mamie Chantal sur la présence de cheveux sur ta tête, la première en espérant une bonne poignée tandis que la seconde te rêve chauve ou presque. Re nous avait présenté son médecin comme un véritable amour, mais c’est face à un mur que nous nous sommes tous retrouvés. Ta mamie Chantal et ton tonton Pierrot ont été autorisés à nous accompagner pour cet ultime examen et c’est avec bonheur qu’ils ont entendu une très jolie musique : celle de ton cœur qui battait ! Mais le médecin ne nous a pas regardés une seule seconde, s’adressant à peine à ta maman. Je sais que tout le monde peut avoir une mauvaise journée, mais ce rendez-vous avait une véritable importance pour nous et je trouve cruel cette attitude. Ce qui m’a le plus choqué est sa réaction lorsque j’ai demandé si exceptionnellement une personne supplémentaire pouvait venir dans la salle d’accouchement, à savoir ton papa Fred. La froideur de sa réponse négative me glace encore le sang. Ton papa a, bien sûr, été très triste de cette décision injuste, mais comprend aussi qu’il ne doit pas jouer avec ses limites physiques. S’évanouir peut avoir des conséquences graves pour ta maman Re. J’espère tenir aussi bien le coup que je l’espère. Réponse demain matin !
Autre bilan de ce rendez-vous, nous avons appris dans quelle position tu te trouvais à seulement quelques jours de l’accouchement. Ta tête était dirigée vers le sol, tes petites fesses étant située en haut, à gauche du ventre de maman et tes bras et pieds s’agitant du côté droit. Enfin… s’agitant, c’est un bien grand mot car tu bouges peu, très peu, trop peu peut-être. Le docteur estime que tu auras un poids de terme, ce qui est rassurant quant à ta santé générale. Il est toujours ravi de ton cœur de championne. Mais cette absence de mouvement me fait craindre un problème physique.
Tes grands-parents ont senti ton cœur une fois notre retour à l’hôtel, ta maman Re ayant pris leurs mains pour leur faire partager ce moment. Rien pour moi, en revanche… il me fallait attendre encore un peu !
Le jeudi soir, nous avons été dîner en amoureux avec ta maman Re. J’étais ravi de ce moment intime car depuis un an et demi, nous n’avons jamais partagé plus de 5 minutes en tête à tête. Nous sommes deux depuis le début et il est difficile de profiter chacun de notre côté. Je m’attendais à un moment spécial, j’ai été servi ! Au lieu d’un petit restaurant romantique, c’est un fast-food de poisson qui nous attendait… Au moment de régler, Re a réalisé qu’elle avait égaré sa carte bleue, il nous a donc fallu la chercher partout en espérant que personne ne l’ait volée. Romantique, n’est-ce pas ? Tant pis, j’essaierai de vivre un moment plus serein avec elle prochainement. A l’hôpital probablement… Une fois la carte retrouvée (l’honnêteté américaine m’étonnera toujours), nous avons filé retrouver June que je n’avais pas revue depuis le mois de juin et l’annonce de son cancer. Je m’attendais à revoir une amie mal en point, mais c’est une June pétillante, plus belle que jamais, que j’ai eu la chance de serrer dans mes bras. Elle est ravie de tout ce bonheur, ravie de bientôt te voir alors que nous pensions que nous ne pourrions pas vous présenter l’une à l’autre. La journée se terminait sur ce tendre sentiment et déjà vendredi nous tendait les bras.
Ah, ce vendredi… quel cauchemar ! Les journées étaient longues, celle-ci me parût interminable. Ton papa me manquait, j’avais besoin de lui, de son sourire, de ses bras. J’en avais assez d’être félicité, abordé comme ton unique papa. Cette aventure est pour deux, je ne suis pas seul, loin de là et je trouvais injuste d’être en avant alors que j’aime être dans l’ombre la plupart du temps. Un dîner français, voilà ce qu’il nous fallait ! C’est donc ici que nous avons reçu toute la petite famille dont June pour leur faire savourer nos talents culinaires. Des crevettes, de la tomate mozzarella, des crêpes… tout ceci semble t’avoir plus puisque tu m’as gratifié d’un mouvement. Quel bonheur cela a été pour moi. J’avais déjà touché ton corps à travers le ventre de ta maman, mais tu n’avais jamais remué auparavant.
Le lendemain, après un dodo plein de doux rêves grâce aux fous rires échangés la veille, nous n’avons rien fait du tout ou presque. L’anniversaire d’Allison nous attendait et c’est timidement que nous avons été à la rencontre de ses amis avant d’aller chercher ton papa à l’aéroport. Ça y est, les choses prenaient vie, les jours se faisaient moindre vers toi. Je suis tellement heureux qu’il soit là, de le retrouver aussi beau que je l’avais quitté, de pouvoir me lover dans ses bras… Un être vous manque et le monde est dépeuplé dit le dicton. Très vrai ! Ajoute une Calie à tout ceci et mon bonheur aurait été au nirvana !
Aujourd’hui nous avons profité d’une belle journée pour aller concocter des petites surprises concernant Tony, ton ours en peluche. Je ne peux t’en dire plus pour ne pas les gâcher auprès de certains de nos lecteurs, mais nous sommes rentrés avec les yeux plein de belles images… Ta maman Re, ton tonton Shaun, Allison et Michael sont venus nous voir ce soir pour nous laisser profiter de toi une dernière fois avant notre première rencontre. Le réveil s’annonce tôt : 4h15 du matin pour une naissance prévue à 7H30. J’ai hâte, mais espère d’abord dormir comme il se doit avant de te faire un premier coucou. Vais-je pleurer ? Seras-tu réconfortée par nos bras ? Seras-tu jolie et surtout en bonne santé ? Autant de questions qui vont demeurer en suspens quelques heures. Ensuite, je ne pourrai probablement pas t’écrire avant jeudi, jour de notre retour à l’hôtel. Mais je noterai tout, absolument tout pour ne rien oublier de toi et de tes premiers instants. 3 ans de notre vie vont trouver leur résultat demain en toi, notre tant aimée Bébé Princesse.
Ton papa m’attend pour notre dernière nuit à 3 avant d’être 4 (oui, je compte Calie, et alors ??). Prends soin de toi et de ta maman.
A demain (comme c’est bon !!)
Ton papa Julien qui t’aime
Rétrospective avant le grand jour
Chère Bébé Princesse,C’est avec un colossal retard que je reprends ma plume pour te conter tes dernières aventures. Tes toutes dernières «virtuelles» puisque nous sommes à seulement quelques heures de ta venue au monde…Oui, nous sommes aux Etats-Unis, prêts à te prendre dans nos bras, mais une petite rétrospective s’impose avant de partager avec toi…
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