Ta ressemblance

Qui dit naissance, annonce son lot de questions sur l’origine du nez du bébé, sur ses yeux, sa bouche et l’ensemble de son organisme. Tu n’y as pas échappé et n’y échappera d’ailleurs pas, mais il a été difficile de trouver une quelconque similitude entre ta trombine, celle de ta maman Re et celle de…


Qui dit naissance, annonce son lot de questions sur l’origine du nez du bébé, sur ses yeux, sa bouche et l’ensemble de son organisme. Tu n’y as pas échappé et n’y échappera d’ailleurs pas, mais il a été difficile de trouver une quelconque similitude entre ta trombine, celle de ta maman Re et celle de ton papa génétique.
Tu sembles avoir un nez en trompette qui correspond à ta maman, voilà la seule certitude actuelle puisque tu changes chaque jour. De très foncés, tes cheveux oscillent désormais vers un châtain assumé. Quant à la couleur de tes yeux, elle semble claire, mais il nous faudra attendre encore deux mois avant de connaître définitivement leur teinte.
Je dois dire que je ne m’attendais pas à ce que tu soies aussi belle. Mignonne, trognonne… ça oui, mais pas aussi belle. Je trouve ta maman Re très jolie (j’aimerais bien l’emmener faire les boutiques et chez le coiffeur pour lui prouver qu’elle peut avoir confiance en ses atouts physiques), Allison est pleine de charme et a des yeux à se damner. Disons que je m’attendais davantage à un bébé «moyen» et non à cette superbe créature.
Quand tu ouvres tes yeux, ton visage prend une autre dimension. D’un bébé joli, tu deviens une vraie beauté. Tu es née par césarienne et donc sans aucune ride et tu n’as même pas abimé ta jolie peau avec tes mains parfaites. L’une des choses qui m’a le plus marqué juste après ta naissance correspond à tes ongles. On aurait cru que tu sortais d’une séance de manucure tellement tes doigts étaient magnifiques. Ils le sont toujours malgré une petite coupure causée par un premier coup de ciseaux maladroit de notre part (on fait de notre mieux !).
Je n’ai jamais vu de photos de ton papa Fred alors qu’il n’était que bébé. J’ai cru comprendre que ta mamie Odile pensait que tu lui ressembles beaucoup. Je me souviens, en revanche, de photos de moi prises à la maternité où j’apparais avec ta mamie Chantal. Il y a des airs aussi par là. La sœur de Regina, Sherryl, trouve que tu es le portrait craché de ta maman… Bref, on suppute, on subodore, on essaie de percer un mystère qui ne devrait pas être percé. Tu es Mathilde, tu es toi, tu ne ressembles à personne d’autre qu’à toi-même et cela est parfait. Tu es la fille de trois cœurs et non le fruit de deux graines, c’est ainsi que je vois les choses et j’espère que tout notre entourage sera assez intelligent pour reconnaître cette vérité en évitant soigneusement les affirmations hasardeuses façon «C’est une Trubert/Barreau (rayez la mention inutile), c’est certain !». Regina nous a confié à plusieurs reprises avoir souffert de l’absence totale de ressemblance entre elle et ses enfants, combien tout le monde s’exclamait face à ses bébés en pointant Shaun du doigt. Dire que tu appartiens à telle famille, à tel arbre généalogique reviendrait à effacer la branche de l’arbre qui ne t’a pas donné de gènes. Je trouverais cela très injuste et notre colère serait grande sans aucun doute.
Elle gronde d’ores et déjà dans mon cœur vis-à-vis de certains qui s’obstinent à demander «Alors, c’est qui le père ?» comme on réclame le sel sur une table surchargée. Nous sommes tous les deux tes pères et il serait grand temps que chacun se mette ceci dans la tête sous peine de nous perdre tout à fait. Nous n’avons jamais caché combien la réponse à cette question est sans aucune importance pour nous, celles et ceux qui en verront une devront faire le deuil de Fred et Julien. Ceci semble exagéré ? Je ne pense pas. Demande-t-on à un enfant adopté qui est son père ? Non, tout le monde réalise que le papa est celui qui l’a élevé, lui a apporté tout l’amour du monde, soigné, chéri… Il en va de même pour nous puisqu’aussi fort l’un que l’autre, nous avons préparé ta venue, t’avons rêvée, te choyons. Pourquoi l’un de nous serait mis alors à part ?
Cette beauté, en tout cas, me fait plaisir et me paralyse aussi un peu. Après trois ans à t’envisager, à te prévoir, jamais je n’aurais espéré avoir un si beau bébé. Nous devons avoir un ange-gardien quelque part qui nous bichonne décidément. Notre vie était déjà réussie, mais voir tes traits si fins, ta jolie frimousse, ta silhouette bien proportionnée… c’est un peu une cerise sur notre gâteau contenant déjà plusieurs étages et des dizaines de saveurs succulentes.
Tu es tellement belle que je me trouve comme paralysé. Mes yeux se figent sur toi et je ne peux plus faire grand-chose à part te savourer comme il se doit. «Heureusement» que tu ne fixes pas encore ton regard dans celui de ceux qui te portent sinon je serai complètement incapable d’avoir une vie loin de toi. Moins de deux secondes, c’est le temps que tu accordes à chaque œil que tu croises, mais déjà ce laps de temps ultra court me pétrifie. Je me sens comme sur un nuage quand tes pupilles s’intéressent à mon visage. Je sais, je suis complètement fou, mais il faut te voir pour me comprendre. Ou peut-être t’aimer autant que je t’aime pour saisir mes écrits.
Je te laisse à nouveau pour changer de thème.
Je t’aime ma chérie
Ton papa Julien

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Related Posts

  • Article sans titre 52