Ma chérie,
Mais dis-donc :
est-ce que je ne serais pas en train de progresser ? Me voilà t’écrivant,
pas trop en retard, pour une fois ! 😊
Par où commencer ?
Tu es actuellement en vacances avec Parrain, tata Cathie, Julia, Joséphine et
leurs amis. Et tu t’éclates ! Papa Fred travaille encore une semaine et moi, un peu plus. Shanti est arrivée. Voilà 18 mois qu’on ne l’avait pas vue.
Nous étions tous tellement contents ! Te voilà plus grande qu’elle. Tu ne
peux plus lui voler ses affaires…
Shanti n’a pas changé. Elle est toujours aussi solaire, douce, angoissée… Quel bonheur de la
retrouver. Elle me manque beaucoup, au quotidien. Je me retrouve beaucoup en
Shanti, au même âge (le côté « solaire », en moins). Shanti se plie
toujours en quatre pour faire plaisir aux autres. Votre relation est toujours
aussi belle à voir.
Ton téléphone est arrivé, mais caché dans un tiroir depuis quelques semaines. Nous te le
donnerons bientôt, mais avons peur, tous les deux, de te perdre un peu. Tu es
une jeune-fille sympa. Nous savons que ce smartphone va t’éloigner un peu de
nous et cela nous effraie. Et puis, tu as fait tellement de bêtises dès que tu avais
un objet connecté dans les mains… Je croise les doigts pour que tu te tiennes à
carreau. J’ai tellement envie d’avoir confiance en toi, de ne pas avoir à te pister…
Mes parents n’ont jamais eu à faire ça avec moi et cela m’a permis d’avoir
tellement de liberté (tout en restant dans le droit chemin, 99% du temps). J’essaie
de t’expliquer que plus nous aurons confiance en toi et plus tu pourras faire
des choses, mais j’ai l’impression que tu ne cernes pas combien c’est vrai.
Ginnie va arriver dans nos vies dans 1 mois. Ce petit chaton n’était pas prévu au
programme. Calie nous manque toujours terriblement. Je ne suis pas sûr que ce
soit le bon choix, mais nous voilà emportés par cette petite surprise de la vie.
Quelle sera votre relation ? Quelle sera celle entre Indy et elle ?
Je suis assez curieux de voir tout ceci. Et surtout : Ginnie sera-t-elle
câline et proche de nous comme Calie l’était ?
Tu sembles avoir (enfin) franchi le cap de Roman. Il a eu des mots durs envers toi et ton
instinct de survie s’est réveillé. Le voilà tombé du côté obscur de la force.
Tu ne lui trouves plus aucune excuse, tu ne lui pardonnes plus rien… Nous sommes
très soulagés de te voir aussi combative. De te voir te respecter davantage.
Tu as eu les « Félicitations » à tes trois trimestres de 5ème. Et te voilà entrant en classe Euro
avec Maëlys (qui est définitivement ta meilleure amie, du collège). Nous aimons
beaucoup Maëlys qui est drôle, timide. Vous avez une excellente influence l’une
sur l’autre. Tu l’as fait sortir de sa bulle. Elle te fait devenir plus intime
avec quelqu’un, te livrant réellement pour la première fois.
Papa Fred et moi allons bien. Notre couple a tangué (très fort), mais nos efforts paient. Et l’amour
a vaincu les chagrins. Nous avons décidé de ne pas abandonner. Beaucoup l’auraient
fait, je pense, face à une telle crise. Mais nous avons beaucoup parlé. En
douceur, sans heurts. Nous avons fait « all in », comme au poker et
dévoilé toutes nos cartes. Nous avons assaini tout ce qui, au fil des ans, avait
été glissé sous le tapis. Et ce, des deux côtés. Papa Fred s’est livré comme
jamais. C’était indispensable pour vraiment solutionner les choses et tenter de
reconstruire ce qui avait été brisé. C’est la leçon à retenir : ne pas
abandonner face aux difficultés. Tant de couples le font, de nos jours (et sans
doute encore plus, du tien). Non, tant qu’il y a une étincelle d’amour, le
combat vaut le coup. Quel soulagement de retrouver cet amour. J’ai eu tellement
peur.
Le danger n’est pas complètement passé : en septembre, la vraie vie va commencer. Je vais
retourner travailler à mon siège, 3 jours par semaine. Tu auras ton téléphone.
Papa va lancer une seconde affaire. Chacun pourrait partir dans une direction
différente. Il va falloir que l’on travaille, tous les trois, pour prendre le
(bon) pli pour que la famille tienne, pour que le couple tienne. Aujourd’hui,
la situation est toujours anormale : je suis en télétravail complet. Papa
Fred trouve un rythme, mais aussi parce que je fais des choses dans la maison en
étant là la journée. Tu sors peu et as peu de devoirs. A partir de septembre, tu
seras seule davantage. Il va bien falloir aborder tout ceci, tous les trois.
Papy et Mamie ont retrouvé le sourire. Ils se plaisent enfin à Vertou, dans leur maison. Ils
se régalent de te voir autant. Ils t’aiment tellement. Et réciproquement. Je me
demande comment vous vous aimez aujourd’hui. Passes-tu les voir souvent ?
Les appelles-tu souvent ? Construire sa vie d’adulte entraîne forcément
vers un peu d’égoïsme. On s’éloigne logiquement de ceux que l’on aime pour
commencer une nouvelle aventure. Es-tu encore à Nantes ? Peut-être que tes
études, ton chéri, ton travail, t’ont menée ailleurs. Je reste persuadé qu’un
jour, tu iras vivre près de ta maman. J’imagine, depuis ta naissance, et
connaissant votre relation si forte, que tu partes au moment de tes études. Que
tu veuilles tenter la vie américaine, près du Vermont. Cela m’effraie. Pas que
tu t’y plaises. Pas que tu t’y installes. Mais que tu aies un peu idéalisé ta
maman et que tu sois peut-être déçue. Maman t’aime, c’est certain. Vous vous
ressemblez beaucoup. Mais est-elle aussi disponible pour toi, que tu l’espérais ?
Maman a sa vie, Ally, Mike, Jasmynn, Uncle Kevin… Arrive-t-elle à être la maman
dont tu rêves ? Je te le souhaite, vraiment. Tu le mérites.
Les années passent et tu dois, de plus en plus, faire des choix pour ton futur. Quelles
options ? Quelle direction ? Je ne sais pas si tu vas poursuivre ta
passion pour la mode, le dessin… Ou utiliseras-tu ta facilité pour les langues ?
Nous te regardons former ton destin, pierre par pierre. C’est beau à voir. J’espère
qu’au moment où tu lis ces lignes, tu as réussi ta vie. Et non pas, « réussi
dans la vie ». Si tu peux avoir fait les deux : tant mieux. Mais la
priorité est de rester une belle personne, bien entourée, aimant et étant aimée,
faisant le bien autour de soi. C’est ce que mes parents m’ont donné. Ils ne m’ont
jamais poussé dans les études. Je ne le fais pas avec toi, non plus. Papa Fred
prend ça plus à cœur. J’essaie de calmer ses ardeurs et tu le remets aussi à sa
place. 😉
Je vais m’arrêter-là, ma chérie. J’espère que ces mots te trouvent heureuse. Et aussi rayonnante que
tu l’as toujours été.
Je t’aime
Papa Julien
Laisser un commentaire