Petit bébé, Beaucoup de travail en ce moment mais je prends tout de même le temps de t’écrire. Ces petits rendez-vous en tête à tête sont si agréables pour moi. Que de nouveautés à t’annoncer. Dans un tout petit peu plus d’une semaine, nous serons dans l’avion direction l’agence pour lancer notre aventure vers toi. Je ne réalise pas encore tout à fait, je dois dire et seul l’atterrissage me fera vraiment comprendre que le grand moment est arrivé. Avant de vivre ce rendez-vous avec Sherrie (la personne de l’agence avec qui nous sommes en contact depuis plus d’un an maintenant), il nous fallait prendre les dernières décisions. Les plus difficiles à prendre. Peut-être pas «difficiles» mais celles qui, en tout cas, représentent les plus grands enjeux de notre paternité.
La méthode tout d’abord. Je ne sais pas à quel âge tu liras ce petit blog alors je ne vais pas aller dans les détails. Disons juste que certains procédés permettent d’avoir un bébé très vite mais participent souvent à la naissance de plusieurs enfants (de jumeaux, de triplés…). D’autres se rapprochent vraiment de la méthode dite «naturelle». J’étais plus partisan de ceci car comme je te l’ai écrit, j’ai parfois peur de ne pas pouvoir m’occuper aussi bien d’un bébé que de deux en même temps et du même âge. Ton papa Fred, lui, préférait le premier procédé tellement il piaffe d’impatience. Moi aussi, bien sûr. Mais je crois que la peur d’une naissance multiple était telle que je préférais t’attendre un peu plus longtemps. Aujourd’hui, je me sens réellement confiant, capable de t’accueillir dès demain toi ou vous si vous êtes plusieurs. Nous allons donc choisir la méthode que ton papa Fred préfère.
Le papa ensuite. Eh oui, petit cœur, tu auras deux papas mais tu ne ressembleras physiquement qu’à l’un de nous. Choisir entre ton papa Fred et moi a été très compliqué. Nous ne voulions pas blesser l’autre et priver celui qui avait le plus envie de te ressembler. Du coup toute la soirée s’est déroulée ainsi : «Je crois que tu devrais le faire»… «Non, c’est plus à toi de le faire»… «Ah non ! Toi !»… Nous allions y passer des heures et ne jamais résoudre ce dilemme. Nous avons alors posé les arguments qui nous faisaient croire que l’autre était mieux placé pour être ton papa biologique. Du côté de ton papa Fred, la ressemblance compte beaucoup mais aussi l’idée de donner un petit-enfant biologique à ses parents, Odile et Jean-François. Pour moi, ce sont surtout mes parents qui m’importent. Tu seras sans doute leur seul petit-enfant et je crois qu’une ressemblance physique entre eux et toi les rendraient très fiers.
Alors que tu lis ces lignes tu connais ton papa biologique et ton papa social (c’est comme ça qu’on appelle les pères qui s’occupent de leurs enfants sans lien génétique). Je suis sûr que nous avons tenu la promesse que nous nous sommes faite ton papa et moi de ne rien te cacher et que tu sais tout. Mais aujourd’hui, dans ce petit mot, je vais tenir une autre promesse. Je ne vais pas dire qui sera ton papa biologique.
Nous avons choisi qui sera ton papa mais tairons son nom à tout le monde sauf à toi. Ça peut paraître bizarre mais nous faisons ceci dans un but très simple : ne pas créer de différence. Nous craignons la réaction de certaines personnes qui pourraient t’aimer plus si tu étais mon enfant biologique ou si tu étais celui de ton papa Fred, génétiquement parlant. Nous voulons que les gens t’aiment parce que tu es notre enfant, parce que tu es toi.
Bien sûr, à un moment ou à un autre, nos proches apprendront ton nom de famille, ce qui pourra être un indice. Mais c’est surtout la fameuse ressemblance qui sera visible. Ton papa Fred et moi ne nous ressemblons pas du tout, l’évidence va donc apparaître d’elle-même.
Nous avons beaucoup parlé de comment se déroulerait ta vie avec nous et elle s’annonce très jolie. Enfin, ce n’est que mon avis. Et nous avons aussi abordé comment nous allions vivre cette légère différence, celle entre ton papa biologique et ton papa social. L’amour sera le même de notre côté, aussi fort pour toi que le sang soit identique ou pas. Mais toi, feras-tu une différence ? Nous allons tout faire pour que la réponse soit non et que ton papa social n’en souffre pas.
Je suis très fatigué aujourd’hui mon ange, alors je vais te laisser. Je continuerai plus tard ce petit mot.
Je t’embrasse.
Papa Julien